Marie et le lapin (vidéo)





- Marie et le lapin : Un plan séquence de 2 minutes 45 avec son, hyper réaliste. Formellement, la tête de lapin mort à quelque chose d’humain, comme une anamorphose. À l’origine c’est l’histoire d’une vision traumatique enfantine. Vacances à la campagne, la gentille fermière donne La leçon de chose au petit citadin de 8 ans : abatage et dépeçage du lapin. Tremblement de conscience, dévoilement ; si même les peluches sont mortelles, alors moi...?
Depuis ce petit drame existentiel, et même si je sais maintenant que les peluches sont quand même immortelles, je n’ai de toute ma vie jamais acheté de lapin sauf pour les besoins du tournage, la première et sans doute la dernière fois. De la pensée magique ? Je confesse en avoir mangé dans de très rares occasions, du bout des lèvres et pour ne pas passer pour un convive pénible. Pardon aux lapins.
Je suis heureux de ne pas être seul à avoir cette vision. Lecture du très beau livre d’Olivier Cadiot « Un mage en été », éd P.O.L (p.23) Lapin ! ordre bref via commande cerveau : un lapin s’incruste dans la cuisine, un bon petit lapin virtuel tellement précis qu’on voit battre son coeur sous le pelage. çà marche. Juste avant de le sacrifier sur l’inox. Vous voulez un crâne en anamorphose dans l’air. Fonction cuisine Holbein.




jeu de mains (vidéo)


- jeu de mains : 2 mains se rencontrent dans 4 gestes simples. Petite chorégraphie sur un mode temporel répétitif, la composition sonore est une re-interprétation des variations Goldberg(Aria). Jean-Sébastien Bach ou le temps en forme de cercle.




INVITATION




J'expose à l'abbaye de Coat Malouen dans les côtes d'Armor du 22 avril au 20 mai 2012.

Le vernissage est le 21 avril et je vous invite à réfléchir un verre à la main, à la Vanité en cette veille d'élection ...
Cette exposition, intitulée Saccusmerdae est organisée par Marie et Michel de mt-galerie. Un grand merci à eux pour leur professionalisme et bonne humeur.
Au 21, donc.

SACCUSMERDAE (néon)

néon blanc 87 x 14 cm
Où il est dit que le roi possède deux corps. L’un divin, l’autre corruptible. Ainsi ces deux états nous mènent, 
croyant posséder l’un l’autre nous tient !





Pourquoi Saccus merdae
C’est la lecture d’un livre de Pierre Michon, Corps du roi, éd. Verdier.
Dans un petit chapitre illustré par une photographie de Samuel Becket, il parle des deux corps du roi. Et à propos de cette photographie « ... par grand artifice, ruse et technique, de tirer le portrait des deux corps du roi, l’apparition simultanée du corps de l’Auteur et de son incarnation ponctuelle, le Verbe vivant et le saccus merdae. Sur la même image. » (p 14)
Le concept des deux corps du roi a été formulé par l’historien Ernst Kantorowicz en 1957 dans son ouvrage Les deux corps du roi.
C’est pourquoi dans l’expression : « le roi est mort, vive le roi » le vive le roi ne s’adresse pas au successeur au trône mais au second corps, qui lui est immortel. Je n’ai pas lu Ernst Kantorowicz, c’est simplement la recherche que j’ai effectuée sur l’origine de l’expression puisque dans le livre de Michon elle est en italique et sans référence.
Parce que Saccusmerdae
Je me suis saisi de l’expression parce que si c’est du latin, c’est un latin proche du français, aisément compréhensible. Mais on ne le décode pas immédiatement comme on décode le sens d’un mot écrit « normal » c’est-à-dire sans l’épeler, globalement. Là, il faut pour le saisir, l’épeler, le mâcher mentalement pour que son sens se libère, brutal. Et ce procédé de « compression/détente », était pour moi très visuel et dramatique. Pour en accentuer l’effet j’ai donc réuni les deux mots en un seul et matérialisé dans un outil de communication en néon (lumière ! lumière !).
Il y a aussi l’idée que sans être Becket ou les grands « Auteurs » dont parle Michon pour illustrer l’idée des deux corps du roi, nous avons tendance à être oublieux de notre commune destinée. La photographie de la pièce en néon est accompagnée de la formule : « Où il est dit que le roi possède deux corps. L’un divin, l’autre corruptible. Ainsi ces deux états nous mènent, croyant posséder l’un l’autre nous tient ! »
Vanités, memento mori, « Mignonne allons voir si la rose ...» ... c’est un grand classique. Ici, saccusmerdae est l’équivalent du crâne des vanités classiques. L’apparition retardée du sens fonctionne comme la représentation anamorphosée du crâne dans « les ambassadeurs » d’Holbein.